De l’autre côté du micro – Annabelle

A chaque newsletter, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’un·e membre de Radio Activité.

Que fais-tu quand tu n’es pas en atelier avec Radio Activité ?

De la radio ! Je fais partie du collectif Transmission et je donne du temps à ce lieu de radio à Aubervilliers qui est très important pour moi. Ensuite, je travaille sur une émission de TV, je coach le présentateur.  Ce qui me rattache à mon ancienne vie, car j’ai bossé pendant 10 ans pour Télématin sur France 2, en tant qu’assistante de production.

Et sinon, je voyage beaucoup et du coup, j’ai plus de vie sociale à Paris ! Là, je reviens du Guatemala. J’ai réalisé un carnet sonore, de mon voyage, jour par jour, des capsules sonores de 1 à 2 minutes avec des photos, à retrouver sur Instagram.

Quand j’arrive à retrouver du temps, je travaille sur mon projet perso qui est la suite de ma fiction sonore  “Malédiction du feu passion” une série.

Le reste du temps, je chante et j’essaie de faire du ukulélé ! Je suis très éparpillée, mais normalement très organisée.

Comment tes aventures avec Radio Activité ont commencées ?

J’ai découvert Radio Activité grâce au collectif Transmission. Fin 2020, je n’allais pas bien et j’ai décidé de tout quitter, y compris mon domaine professionnel. Une randonnée d’un mois plus tard, j’ai intégré le collectif Transmission, alors que je n’avais jamais fait de radio. J’y ai appris beaucoup de choses.

Un jour, Larissa et Charlie du collectif animaient un atelier en collaboration avec Radio Activité au Laboratoire pour des Acteurs Nouveaux (LAN). Le binôme de Transmission qui devait animer cet atelier était absent, alors le collectif m’a contacté. Une fois passée les questions de légitimité, je me suis dit que j’y allais avec mes talents. J’ai rejoint Emmanuelle et Flore de Radio Activité, on s’est bien amusées, je me sentais en sécurité et cela m’a beaucoup aidée de travailler avec elles.

Du côté de Transmission, cela a déclenché une série de rencontres bluffantes. Une nouvelle session de stage a été organisée par le LAN (Laboratoire des Acteurs Nouveaux), une formation similaire à celle que j’avais suivie, ainsi qu’une formation pour intégrer le son sur scène. Je suis toujours avec Transmission et nous avons des réunions avec Antoine pour un projet de création scénique. Finalement, il je co-anime l’atelier avec Emmanuelle.

Petite anecdote, je suis allée à PAF (Performing Arts Forum) pour terminer ma résidence et j’ai discuté avec une femme qui m’a demandé ce que je faisais dans la vie, alors je lui ai parlé de la radio et du collectif Transmission. Elle me dit : “Tu ne connais pas un gars qui s’appelle Lalanne ?” Je n’ai jamais travaillé avec lui, sauf en visioconférence. Et cette femme vit en Allemagne. Après PAF, je suis partie à Ibiza en camion, Antoine m’a appelée après la visite de Léa. Il m’appelait pour un atelier pour Radio Activité et j’ai commencé.

Quel est ton rapport à la radio ? Qu’est-ce que les ateliers t’apportent ?

Mon rapport à la radio est particulier parce que je n’en n’écoute presque pas. C’est un peu le cordonnier mal chaussé. D’ailleurs, j’ai travaillé 10 ans dans la télévision sans avoir de télévision. Mon intérêt pour la création sonore à la radio se développe davantage lorsque je donne des ateliers. En atelier, je redécouvre pourquoi j’aime les ateliers radio. Pour moi, l’intérêt réside dans la transmission, et quand cela ne me passionne plus, j’arrête. J’ai discuté avec une personne qui m’a dit : “Tu formes les gens à prendre ton boulot”. C’est ça !

Quels sont les ateliers qui t’ont le plus marqué ?

Les ateliers en détentions et le LAN m’ont beaucoup marqué. Lorsque j’ai décidé de me former à la radio, j’hésitais entre l’art-thérapie et la radio. La radio est complètement égocentrique, car je faisais du théâtre et cela me prenait trop d’énergie. Jouer est ma vie, et j’ai pensé que la radio me permettrait d’être autonome, la formation à Transmission était gratuite et d’une durée d’un an. L’art-thérapie était pour réaliser un rêve de soigner les gens par l’expression artistique, et mon objectif était de travailler à l’étranger avec différents publics, notamment en hôpital psychiatrique, en prison, en maison de retraite et avec des personnes en situation d’exil.

Après mon retour de cette expérience de trek, on m’a proposé le projet avec le LAN. J’ai alors réalisé le pouvoir de l’atelier. Travailler avec des personnes en situation d’exil me touche particulièrement, je me demande ce que je leur apporte. Certains sont enfermés derrière les barreaux, d’autres ne savent pas où ils dorment le soir parce qu’ils n’ont rien à faire. Le public qui exprime sa joie te fait comprendre que tu as contribué à une pause dans leur difficulté, et je me fiche de ne pas faire de pause dans mes projets personnels. De même, travailler avec des élèves en difficulté dans des zones sensibles a du sens pour moi, car si au moins trois élèves sur 24 ont envie de s’engager dans ce domaine, je suis contente. La création de fiction sonore permet de progresse énormément, et c’est aussi de l’éducation aux médias où j’apprends le métier d’acteur, de scripte et de directeur d’acteur. Mon rapport à la création est devenu un rapport de transmission.