11/09/17 – Avec les personnes chrétiennes déplacées d’Ashti-2, Ainkawa, Erbil

Le camp d’Ashti 2 est un camp chrétien, géré par l’Eglise en la personne de Père Emmanuel. Celui-ci veille sur ses 5000 habitants qui ont été déplacés lors de la prise de Mossoul et de Karakoch par l’Etat islamique. Lors de la victoire de Daesh à Mossoul en 2014, les chrétiens persécutés se sont d’abord réfugiés dans cette ville chrétienne emblématique. Puis Karakoch a été prise elle aussi. Les communautés chrétiennes ont dû se réfugier plus loin encore, rejoignant les provinces d’Erbil ou Suleymanieh.

Le camp d’Ashti 2, situé dans le quartier chrétien d’Ainkawa à Erbil, les accueille depuis trois ans. Ce village dans la ville paraît calme et pourrait être un village quelconque s’il n’était entouré de grillages. Ses habitants vivent dans des bâtiments en préfabriqué, la plupart ont la climatisation, et le village est composé de boutiques, d’aires de jeux, d’une belle église où chacun se rassemble pour la messe, et d’une école où nous installerons l’atelier radio. Les enfants jouent dans la chaleur du soir, les habitants discutent sur le perron.

Père Emmanuel gère la vie quotidienne de cette petite municipalité. Après une visite de courtoisie, il a accepté d’accueillir l’atelier radio au sein du camp. Cet atelier est spécial, car nous le réalisons en partenariat avec la Radio Al Salam, une radio qui émet au Kurdistan irakien pour diffuser des messages de paix et de dialogue entre communautés. La radio diffusera l’émission en direct sur la FM 94.3.

Hanan, Rami et Kindi, les participants, ne s’attendaient pas à ça en s’installant dans la salle de classe. Ils pensaient faire une initiation à la radio, et non créer une émission de A à Z, en direct qui plus est. Rami s’exclame : « Quoi ! Mais c’est un métier, journaliste ! Si vous voulez une émission, pourquoi ne demandez-vous pas à des journalistes ? » A nous d’expliquer pourquoi nous voulons les entendre directement, et l’intérêt de l’atelier… Après quelques discussions, les voilà plutôt enthousiasmés à l’idée de créer leur émission, et le sujet est pris au sérieux.

C’est la première fois que nous diffusons en direct à la radio, notre installation technique doit se complexifier. Après quelques tâtonnements dans les branchements, interrompus par le ronronnement du générateur et les interventions impromptues des habitants du camp… nous voilà en direct !

Le thème de l’émission fait l’unanimité : ils parleront du retour. Mossoul comme Karakoch ont été libérés il y a quelques semaines. La question du retour se pose avec acuité, et avec difficulté. Les villes ont été détruites et pour la plupart, ils savent qu’ils ne retrouveront pas leur maison, ni leurs proches. Rentrer, c’est retrouver sa terre natale mais aussi se confronter au souvenir de la guerre. C’est aussi venir dans une région où les perspectives d’avenir sont incertaines, et où le dialogue entre communautés a été durement affecté par la guerre. Comment vivre ensemble après ces traumatismes ? C’est le sujet de l’émission sur le retour,  à écouter ici en arabe et français et sur www.radioalsalam.com