4 avril 2018

Nous sommes à l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM) avec le rappeur JP Manova. Dans le cadre d’un partenariat avec le Théatre de la cité Internationale (TCI) et la Direction Régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France (DRAC), nous visitons avec des jeunes accompagnés par la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ), le lieu le plus silencieux de France : la chambre anéchoïque

Nous nous retrouvons sur la place Igor Stravinski, devant l’institution. Les groupes arrivent de Melun et le Perreux-sur-Marne. Il y a Ravi, Kevin, Morgan, Hassan et Nouh. Ils sont accompagnés par leurs éducateurs.

Nous entrons dans l’IRCAM et sommes accueillis par une étonnante agente d’accueil qui s’amuse à nous parler dans toutes les langues possibles. Puis après une présentation de l’après-midi par JP Manova nous descendons dans les sous-sols de l’IRCAM. Une membre de l’IRCAM nous accueille et nous présente l’IRCAM. Dès ses premiers mots, les jeunes se saissent des micros et l’enregistre puis se questionne entre eux devant la chambre anéchoïque.

Cette fameuse chambre anéchoïque (ou chambre sourde) est une salle d’expérimentation dont les parois absorbent les ondes sonores. L’endroit est extrement silencieux. Une fois à l’intérieur, notre ouïe se développe suffisamment pour que nous puissions entendre les sons de notre corps. Ensemble, micro en main nous y entrons.

Au collège Jorissen à Drancy

Pastilles

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Harcèlement et consentement

Boutton play

13 et 20 mars 2018

Nous sommes avec les 4ème C du collège Jacques Jorissen à Drancy au nord de Paris, en banlieue.


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Mesdames Berger & Lerouge, deux enseignantes du collège racontent…

Chaque jour apportait son lot d’interrogations en classe : « Mais si la femme a suivi un inconnu et s’est fait violer, c’est un peu de sa faute, non ? Et quand il y a une matraque, est-ce que c’est un viol ? C’est quoi le féminisme ? Pourquoi c’est pas cool de faire des compliments dans la rue ? » Visiblement l’actualité centrée autour des violences faites aux femmes mettait la classe en ébullition. Nos élèves avaient besoin d’un espace de réflexion et d’expression. Cent questions plus tard, nous avons monté un atelier radio avec Radio Activité!

Jeudi 8 mars : ce jour aurait été parfait, mais rien n’est si simple. La journée internationale des droits des femmes ne sera pas le jour de notre premier atelier radio. Chose miraculeuse néanmoins, tout est allé vite : contact, organisation et financements. Le sujet est dans l’air !

Mardi 13 mars : les micros sont en place, la salle 107 et le CDI se sont transformés en deux mini studios pour chaque groupe de 12 de la 4eC. Les élèves encore sceptiques arrivent un à un et s’installent aux côtés d’Antoine et d’Alice. Les intervenant·e·s sont fort·e·s, très fort·e·s : les langues se délient vite. Un premier tour de table, micro éteint, leur permet de raconter leur premier souvenir radio : l’évocation de la musique sur la route des vacances les pousse à prendre la parole, à rire, à s’interroger les un·e·s les autres. Deuxième tour avec les micros allumés cette fois : on apprend à bien tenir les deux micros, à poser sa voix, à se les passer sans faire de nœuds (complexe quand on est 12 autour d’une table avec deux mètres de fil…) et surtout on prépare un jingle. Et enfin, l’émission ! On se croirait vraiment en studio tant les groupes sont concentrés sur leur objectif : faire une émission autour de la question de la place des femmes dans la société. Nous, les adultes, on l’a vécu comme une parenthèse enchantée. C’était génial de voir les élèves s’interroger les un·e·s les autres, veiller à la répartition de la parole, revenir sur des sujets et essayer de faire avancer des discussions pourtant complexes (et de façon bien plus respectueuse que ce que l’on peut parfois entendre en ce moment…).


Quand la sonnerie retentit, c’est l’enthousiasme général, avec une légère frustration et l’envie de recommencer. Les journalistes en herbe disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés, appel de l’estomac oblige, mais le sujet est loin d’être clos ! Et c’est tant mieux.


en direct du FGO-Barbara avec Flow Itinérant

3 mars 2018.

Aujourd’hui, nous sommes au FGO Barbara dans le quartier de la Goutte d’or à Paris pour un atelier radio avec Papi, SDX, Alsény, IBANO, Youssouf, Metis Black, Célestin, Khalifa, Amssi, Arouna, JBL, Marcelin et Amarade Flow Itinérant accompagnés par Rancho All Stars.

Nous nous installons dans le studio 6 du FGO-Barbara. C’est une salle insonorisée pour une meilleure acoustique et avec tout le matériel nécessaire pour enregistrer un groupe de musique. Nous divisons la salle en trois parties :  plateau radio/plateau concert/ technique.

Les participants arrivent progressivement. Certains s’installent autour de la table de radio, d’autres préfèrent rester en retrait et s’assoient dans l’un des canapés du studio. Ils se connaissent bien. Tous participent à l’atelier hip hop Flow Itinérant organisé par le collectif Rancho All Stars. Leur émission de radio sera la conclusion d’une semaine d’atelier d’écriture hip hop avec l’auteure-compositeur-interprète Elodie Milo et les beatmakers Dj Ago de Cocosett Tropicalbeats et Rodrigo Gonzalez-Miqueles.

Les participants ont moins de 20 ans. Ils sont en Europe depuis quelques mois et sont principalement originaires d’Afrique de l’Ouest. Les plus jeunes d’entre eux, peinent  à faire reconnaître leur minorité en France. Ils ne peuvent donc bénéficier d’aucune protection, malgré leur précarité et les traumatismes vécus dans leur pays d’origine et sur la route. Pour certains, dans la longue attente et l’espérance de l’évolution de leur statut, ils vivent à la rue, ou trouvent des solutions d’urgence grâce à l’aide d’associations et de bénévoles. Dans l’atelier, tous ces traumatismes et injustices s’expriment en musique. Certains textes traitent des difficultés qu’ils affrontent et font naître de beaux et poignants morceaux.

Pour débuter cet atelier radio, nous nous racontons quelques souvenirs. L’un des participants parle du gros poste de radio de son grand-père. D’autres, évoquent des émissions auxquelles ils ont assisté, comme par exemple celles où le père d’un des participants passait des annonces. Pour la plupart, la radio fait partie de l’environnement familial. Elle était allumée constamment en fond sonore pendant la journée dans leurs familles.

Très rapidement nous commençons à tester les micros et décidons d’appeler l’émission : “Radio Flow Itinérant : de l’espoir, du talent, des jeunes”.

Richard Gaitet arrive, il est invité pour lire le texte d’Ousmane pendant l’émission.

Nous effectuons quelques répétitions des titres qui seront joués en direct et c’est parti… le programme débute

dans le Fabulus à Bondy avec les Alchimistes

6 février 2017

Aujourd’hui, nous sommes à Bondy dans le Fabulus des Alchimites. Elise raconte…

« Bonjour Elise, l’atelier de demain est peut être annulée ! Je t’écris à 9h pour te dire ». Depuis quelques jours, la France est sous la neige. C’est le chaos en Île-de-France. Des routes ferment, des piétons glissent  et les parisiens grelottent.

A 9h, SMS d’Antoine : « C’est bon, l’atelier est maintenu, à toute à toute suite! ». Je saute dans le RER E, le trafic est perturbé. J’arrive en retard à la gare de Bondy. Sur la triste place betonnée, mais sublimée par la neige, le bus jaune et blanc des Alchimistes : le Fabulus. C’est là que se tient l’atelier.

Le bus ouvert à tous est l’espace mobile des Alchimistes, spécialistes en entrepreneuriat social et innovations pédagogiques. Il vise à soutenir les volontés entreprenariales en donnant accès aux ressources, outils et formations nécessaires. A l’intérieur, il est aménagé en bois clair, avec des tables, des ordinateurs, de petits cousins, et un large écran interactif qui projete une vidéo de feu de cheminée. C’est psychologique, mais en plus du chauffage, cela réchauffe.

Pour cet atelier, nous sommes en petit comité. La neige a bloqué certains participants chez eux. Je fais la connaissance de Jack, Ralida, Zahra et Théo. Antoine qui facilite l’atelier, installe le matériel. Charles, le directeur des Alchimistes, est aussi présent.

Pour se rencontrer, chacun partage son premier souvenir de radio. On parle de ce que nous écoutions dans la voiture sur le trajet de l’école, puis des émissions qu’on écoutait adolescent, sous nos draps, le soir en cachette des parents.

« Comment peut-on débuter une émission radio ? » nous demande Antoine. Les micros commencent à chauffer. Nous donnons un titre à notre émission : « Fabulus, la radio des fabuleux ! » . Nous faisons les premiers essais. A tour de rôle, Jack, Ralida et Zahra prennent la place de présentateur radio, et nous interrogent nous, les « invités du plateau ». Ces premiers tests permettent à Jack et Théo de se découvrir une passion commune, la photographie et à Ralida de partager son projet de food truck. Nous ré-écoutons nos premiers essais puis décidons ensemble les thématiques que nous allons évoquer. Ce sera, la neige bien sûr, l’entreprenariat, la cuisine du monde, la danse, le voyage, les rêves de vie, l’actualité politique française….

Avant de débuter notre propre émission, nous réalisons un micro-trottoir. « Quel est votre rêve ? » est la question que nous choisissons de poser aux passants dans la rue, dans la gare, ou à l’entrée des magasins, enregistreurs à la main et casques aux oreilles.

L’expérience est agréable, nous sommes confrontés à quelques refus, mais de jolis échanges émergent. Nous choisissons de garder pour notre émission le témoignage recueillit devant la pharmacie, d’un Monsieur qui rêve de se marier après trente ans de vie commune. De retour dans le bus, nous nous entendons sur notre générique et c’est partie ! Nous sommes sur les ondes.

L’émission débute avec comme thématiques : nos passions. Jack nous parle du théâtre et joue pour nous un extrait de son spectacle « Pourquoi ».

Ralida nous parle de cuisine du monde et nous livre sa recette de l’émincé de poulet à la crème et aux champignons. Pour ma part, je danse pour les invités qui décrivent à la radio ce qu’ils voient.


Puis, vient le moment des « Coups de gueule ! », cette thématique est riche, nous évoquons, l’obsolescence programmée chez Apple, les nouvelles ordonnances du Président Macron, la galère pour trouver des places disponibles pour les food trucks et le développement des supermarchés dans les petites villes et en campagne au détriment des commerçants des centres-villes.

Nous concluons notre programme avec nos rêves de vie. Pour beaucoup, ils sont liés aux passions. En filigrane se pose donc parfois la question : Comment vivre de sa passion ?

L’émission se termine avec de l’espoir et quelques questions ouvertes. Après 1 heure d’émission et presque 4 heures de rencontre, chacun repart de son coté à ses projets, heureux de l’expérience.

A Brest avec des mineurs isolés étrangers

Pastilles

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Macron et million

Boutton play

4 février 2017

Aujourd’hui nous sommes à l’université de lettres Victor Segalen, dans le centre-ville de Brest pour un atelier avec des mineurs isolés étrangers coordonné par les associations Zéro Personne à la rue et Solami.

Pour cet atelier suite à un ennui de salle, nous nous installons à l’écart, dans un coin de couloir de l’université. Nous récupérons dans une des salles de classe quelques chaises et deux tables, nous installons les micros, les amplificateurs et nous voilà prêts : la magie opère : nous sommes dans un studio de radio !

Cinq jeunes participent : Mamadou, Boubakar, Abou, Ousmane et Armel. Kevin et Mamadou se joignent à nous en cours de route. Ces adolescents que l’administration française nomment des « mineurs isolés étrangers» se présentent timidement.  Ils gardent leurs épaisses doudounes mouillées par la bruine du dehors. Ils ont entre 15 et 18 ans. Seul Armel est très bavard, il nous raconte déjà, en parlant de lui à la troisième personne, qu’il adore le théâtre d’improvisation et la chanson « le téléphone pleure » de Claude François.

L’atelier commence sous les regards de Brigitte, Robert, Charlie, Lisa et Sylvain, des bénévoles brestois investis dans l’action en faveur des personnes migrantes. Mamadou s’exprime en peuhl, Ousmane l’encourage et Boubacker traduit. Ensemble, nous partageons nos souvenirs de radios. Les adolescents timides se dérident lorsque nous abordons des souvenirs de matchs de footballs et la force de certains présentateurs pour faire exister en quelques mots dans l’esprit des auditeurs des actions. Abou révèle alors qu’enfant, il a demandé à son père et son frère d’où provenaient les voix qu’il entendait et cherchait sous la table. En fait, elles provenaient du poste de radio.

Il est temps d’utiliser les micros, Armel et Ousmane s’en emparent en premier. Ils lancent la conversation, s’interrogent et parlent de sport puis Abou parle de sa passion pour la musique, en particulier d’Alpha Blondy. Il chante. L’échange prend fin, ils rient. Ousmane dit qu’il trouvait dur de s’exprimer dans un micro, mais que cela va mieux maintenant.

Abou, presque inquiet, nous demande de quoi nous allons parler dans le reste de l’émission. Un des adolescent lance : « de la vie à Brest », un autre souhaite évoquer son chemin jusqu’en France. Boubackar réplique qu’il ne préfère pas, que « c’est trop dur » et que « ça [le] réveille la nuit d’y penser ». Chacun écrit un thème sur un papier.

Les adolescents inventent un jingle. Armel introduit l’émission et la conversation démarre sur la vie quotidienne à Brest, les galères administratives, le centre d’accueil, les passions, la musique, l’avenir et quelques questions bonus que nous glissons aux adolescents. L’un d’entres elles est : « si vous pouviez inviter n’importe qui à dîner, qui serait cette personne ? ». « Emmanuel Macron », réplique soudain Ousmane, « comme ça il pourrait débloquer ma situation administrative en claquant des doigts ».

En théorie, ces adolescents peuvent bénéficier de l’aide sociale à l’enfance, en pratique face à l’administration ils peinent à faire reconnaître leur minorité ou leur isolement et se retrouvent à la rue. Une situation qui concernerait une centaine de mineurs, rien qu’en Ile-de-France et qui existe aussi à Brest, comme en témoigne les paroles de cette émission.

Projet

Installation du studio-radio mobile à Calais

Pastilles

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Chant iranien

Boutton play

Pourquoi ?

Boutton play

30 & 31 janvier 2018. Emissions en français, arabe et dari.

Aujourd’hui, nous sommes à Calais. Nous déposons un studio radio mobile et formons des salariés et bénévoles du Secours Catholique pour qu’ils accompagnent des exilés dans la création de leurs propres émissions de radio.

A notre arrivée, Jacky nous attend à l’extérieur de la gare de Calais. Il trouve à ses pieds une carte plastifiée. A l’intérieur, un badge d’un journaliste de TF1 : comme souvent Calais est « au cœur de l’actualité ». Près de 11 ans que Jacky est salarié au Secours Catholique. Au début, le Calaisien accompagnait les demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives et puis, il est devenu animateur auprès des exilés. Dans la voiture en route vers l’accueil de jour de la rue de Moscou, Jacky raconte que la situation ne cesse d’empirer depuis le démantèlement de la « jungle ». Les exilés sont près de 800 à dormir dans des tentes dans la zone industrielle des Dunes, rue des Verrotières et dans deux autres endroits. Les violences contre les bénévoles et les exilés se multiplient. La mairie a aussi expulsé le Secours catholique de son ancien local. « Tant mieux finalement, le nouveau est beaucoup mieux », rit Jacky. Le nouvel accueil de jour est donc à 3 kilomètres de la zone industrielle où dorment les exilés, cela correspond à une quarantaine de minutes de marche. « Mais au moins, il est dans le centre. Ils sont un peu moins exclus de la ville et cela permet de toucher plusieurs communautés différentes», précise Jacky. Les exilés peuvent s’y réchauffer pendant toute l’après-midi et oublier un moment la boue qui trempe leurs chaussures.


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Nous installons le matériel radio dans une petite salle de l’accueil de jour. Françoise, Véronique, Anaëlle, Jacky et Maria-Vittoria nous rejoignent. Notre rôle aujourd’hui est de leur apprendre à devenir des « facilitateurs », c’est-à-dire à créer une conversation radiophonique et à favoriser la prise de parole de tous. Nous faisons une série de jeux et exercices pour définir les objectifs et pratiquer.

Quelques heures plus tard, le studio-mobile radio arrive de Paris en voiture. L’équipe du Secours catholique se presse autour de cette table en hêtre, radiophonique et transportable. Les micros sont installés. Tout le système son est calfeutré, seuls quelques boutons colorés dépassent pour permettre une utilisation facile et une diffusion en direct, sur internet. Ce prototype a été créé entre mars et juillet 2017 par Alexandre Plank, réalisateur à France Culture, Mathieu Touren, opérateur du son à Radio France et une quinzaine d’étudiants de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI-Les ateliers) avec leur enseignant Roland Cahen. Le prototype devrait rester à Calais pour quelques mois.

Pendant que l’équipe termine les réglages du studio, les bénévoles et salariés du Secours Catholique, s’emparent de micros afin de prendre en main le matériel et de réaliser des interviews des exilés. Nous entrons dans la salle principale de l’accueil de jour. Des soudanais, iraniens, afghans s’y retrouvent pour passer le temps, se réchauffer, boire du thé, se reposer et recharger les batteries de leur téléphones. Une salle est dédiée entièrement aux femmes Assis sur un banc, trois garçons iraniens discutent en jouant un jeu de pions. Jacky s’approche et leur demande en farsi leur premier souvenir de radio. Il doit poser les questions en français, les traduire en farsi, tendre le micro à son interlocuteur, puis traduire à nouveau. Il s’emmêle un peu les pinceaux et souffle quand l’entretien s’achève. « Pas facile » ! Un peu plus loin, des exilés se coupent les cheveux dans un salon de coiffure improvisé. Toute timide, Maria-Vittoria interroge un homme kurde syrien pendant que Véronique enregistre sa conversation avec un jeune soudanais en mêlant le français et l’anglais.

Le lendemain, nous écoutons religieusement ces petits micro-trottoirs, cherchons comment améliorer les questions, l’écoute et élaborons des clefs pour transmettre l’envie de la radio aux exilés. L’objectif est qu’ils s’interrogent eux-mêmes, les uns les autres sans notre intervention. Maria nous rejoint pour participer à cette formation. Elle est accompagnée de Loup Blaster, auteure du film AL HURRIYA الحریة – Freedom – Liberté.

L’après-midi nous présentons aux exilés le studio radio mobile. Véronique prend la parole, Hisham et Jacky traduisent en farsi et arabe. Des exilés s’assoient à la table-radio pour discuter dans les micros. L’équipe du Secours Catholique est accaparée par la technique du studio. Ils paniquent un peu, persuadés que quelque chose cloche. Pourtant tout est opérationnel. Finalement, les exilés discutent et les craintes des bénévoles s’apaisent. La première émission avec ses hésitations et petits ennuis techniques est diffusée en direct. Les exilés décident de  la consacrer au règlement Dublin. Cette procédure oblige un exilé à déposer ses empreintes dans le premier pays européen qu’il traverse. Il sera alors contraint d’effectuer toutes ses démarches administratives dans ce pays quelques soit ses envies et objectifs. Ce protocole peu adapté aux réalités des exilés contraint certains d’entre eux à se bruler les doigts pour faire disparaitre leurs empreintes.

Un peu plus tard, Françoise s’est installée à la technique. Dos à la fenêtre, casque recouvrant ses oreilles, elle lève et abaisse délicatement les boutons pour régler le volume de l’enregistrement. Elle a un sourire en coin. Elle est concentrée. Jacky s’installe avec deux Iraniens d’origine afghane autour du studio-mobile. La conversation en farsi est très intime. L’homme exilé se souvient au micro de son père en train d’écouter la BBC à Téhéran. Lui avait 4 ans. En plein direct, Véronique intervient doucement pour demander si l’homme peut réciter un poème ou chanter.

Fin de journée, les exilés quittent l’accueil de jour. Le lendemain, dans un contexte toujours plus tendu entre exilés, forces de l’ordre, gouvernement et associations, de violentes bagarres éclatent lors d’une distribution de nourriture et font une vingtaine de blessés.

Face à cela, l’accueil de jour du Secours Catholique est un espace de répit ouvert à tous. Les bénévoles et salariés s’échinent à accompagner du mieux possible les exilés et leur rendre la vie plus paisible. Ils voient le studio-mobile radio comme une manière d’être encore plus proches des exilés, de pouvoir accéder à leur parole sans filtre. Cet objet pourra aussi faire entendre leurs voix sur des thèmes qu’ils veulent au monde, à leur famille et aux responsables politiques.

Projet

Les ateliers Radio Activité

Retrouvez tous nos ateliers radios :

juin 2018 ateliers MicroCamp Radio au Liban avec des personnes exilées

21.05.2018 au comité parisien

mai 2018 ateliers MicroCamp Radio en Grèce avec des personnes exilées à Athènes, Kilkis et Lesbos

02.05.2018 dans la chambre anéchoïque de l’IRCAM avec JP Manova et des jeunes vivant dans les banlieues de Paris

25.05.2018 avec Elise Chatauret et Edouard Zambeaux au Théâtre de la Cité Internationale

19.05.2018 à la maison des familles de Gentilly

17.05.2018 dans une maison de l’enfance avec des enfants entre 6 et 12 ans.

04.04.2018 dans la chambre anéchoïque de l’IRCAM avec JP Manova et des jeunes vivant dans les banlieues de Paris

13.03.2018 et 20.03.2018, avec la classe de quatrième du collège Jorissen à Drancy

04.03.2018, avec les enfants du centre d’hébergement d’urgence Magenta

03.03.2018, au FGO-Barbara avec les jeunes de l’atelier Flow Itinérant

07.02.2018, dans le Fabulus des Alchimistes à Bondy

04.02.2018, à Brest avec des mineurs isolés étrangers

30 et 31.01.2018, l’installation du studio radio mobile à Calais

30.12.2017, aux Grands Voisins à Paris avec l’association Capacités et des personnes en hébergement d’urgence

20.12.2017, dans le village de Lespinassière dans le département de l’Aude en Occitanie.

octobre 2017, dans une maison d’arrêt en France

22.10.2017, à la Fondation Good Planet à Paris

08.10.2017, in Basirma refugee camp in Erbil Governorate, Iraq

07.10.2017, in Turaq community center with Judy Organization for Relief and Development

05.10.2017, 2 workshops in the district of Daratu دارتو , Iraq with Judy Organization for Relief and Development : mixed group & women only group

03.10.2017, in Ashti IDP Camp in Sulaymaniyah Governorate, Iraq

02.10.2017, in Barika camp with Syrian women in Sulaymaniyah Governorate, Iraq

01.10.2017, à l’école française de Sulaymaniyah, Iraq

19.09.2017, 2 workshops in Harsham camp, Iraq:  Hope in the camp & Afternoon program

11.09.2017, dans le camp d’Ashti 2, Iraq

07.09.2017, in Domiz-1 camp with Syrian refugees

07.09.2017, in Bersive-2 IDP camp

21. 08.2017,  at the Open House with refugee in Tbilissi

20.08.2017, at Kometa’s house in Pankissi, Georgia

17.08.2017, chez New Vector à Tbilissi en Géorgie avec des usagers de drogue

15.08.2017, à Shavshebi en Géorgie avec des déplacés géogiens

15.08.2017, à Gori en Géorgie avec des déplacés géorgiens

23.06.2017, dans un centre d’accueil et d’orientation à Annecy (CAO)

21.06.2017, à la fête de la cité internationale de Paris

20.06.2017, à l’accueil de jour de Calais

05.06.2017, à l’accueil de jour de Calais

20.05.2017, au théâtre de la cité internationale sur le thème de l’amour avec le lycée Robert Doisneau de Corbeil-Essonnes

05.04.2017, aux Grands Voisins

.03.2017, au théâtre de la cité internationale sur le thème de la politique

.02.2017, au théâtre de la cité internationale sur le thème du rêve

.01.2017 au théâtre de la cité internationale sur le thème du départ

 

 

 

 

 

 

 

aux Grands Voisins avec Capacités

Pastilles

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Bouche-à-oreille

Boutton play

30 décembre 2017.
Radio Activité est accueillie par l’association Capacités aux Grands Voisins à Paris.

Pendant deux ans, cet ancien hôpital de 3,5 hectares a accueilli pour une occupation temporaire, plus de 200 associations, startups, artisans et artistes, ainsi que six centres d’hébergements d’urgence. Le site voué a une reconversion urbaine a fermé ses portes au public le 22 décembre 2017.


Pendant ces deux années, l’association Capacités s’est impliquée dans ce lieu en développant des processus participatifs et en s’appuyant sur les ressources locales et bénéficiaires pour faire émerger des solutions d’architecture et d’urbanisme.

A notre arrivée dans les locaux de Capacités, Giulia une architecte nous accueille. Elle nous propose un thé et un brownie au chocolat, tandis qu’elle discute avec Mahamadou. Ce malien d’une vingtaine d’années souhaite participer à l’atelier. Il est rapidemment rejoint par Abouba, Issa, Khalifa, Assitane et Gisèle. Toutes ces personnes fréquentent régulièrement le site des Grands Voisins. Ils se connaissent bien. D’ailleurs, tous sont nés au Sénégal et au Mali. Entre eux, ils parlent le français, mais aussi le wolof et le soninké deux langues largement partagées dans leurs pays d’origines. Néji, qui aime aussi se faire appeler Jésus est connu aux Grands Voisins notamment pour ses talents de percussionniste, passe quelques minutes avec nous, puis repart.

La plupart des participants de cet atelier sont confrontés à des difficultés quotidiennes concernant leurs besoins élémentaires. Pour certains, ils sont sans-papiers, travaillent de petits boulots mal payés et peu gratifiants. Ils vivent dans des centres hébergements d’urgence ou à la rue.


Pour débuter cet atelier, chacun raconte des souvenirs liés à la radio. Beaucoup se rappellent qu’au Mali, une chanson d’Oumou Sangaré est diffusée pour annoncer le décès d’une personnalité. De même au Sénégal, à l’heure du déjeuner une musique passe à l’antenne. Buzz et Khalifa tentent de la chanter. Mahamadoud ajoute : “ quand tu entends cette musique dans la rue, tu peux t’arrêter chez n’importe qui et t’inviter à table, tu es bienvenu”.

Aux participants maintenant de se saisir des micros, Buzz ouvre le programme et questionne ses amis, Khalifa lui s’occupe de la musique…

Au programme, vie dans la rue, régularisation, communication, musique et bien sur, voeux de bonne année.

L’émission est à ré-écouter en intégralité ici :

Live from Ashti IDP Camp Sulaymaniyah Governorate, Iraq

October 3rd 2017.
Today the workshop is in Ashti IDP camp.

This camp is 30 minute’s drive from Sulaymaniyah. It is on the road to Iran, surrounded by the wide, brown Kurdish mountains.

 


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Tablo is with us. She will translate the radio program from Arabic to English. She is enthusiastic about the idea and tell us more about the camp. There are more than 5000 people living here, mostly in tents and coming from the regions of Salah ad-Din and Mossoul.

The camp is divided by wide gravel roads that are exposed to the heat and the sun. We set up the radio studio in the community centre. The centre’s walls are covered with children’s drawings in bright colours.

As we launch the workshop the staff bring more and more participants. They are teenagers girls and boys.

To begin the workshop, we talk about memories linked to radio. Most of the participants were from farming families in their home town. They would listen to the radio in their car on the way to the fields or while growing vegetables.

They left their homes in 2014, when ISIS moved into their area. Most of them were just children when they were confronted with this destruction and massacre. This has had a vast impact on their current life.

They decided to name their broadcast « Wounds of the Past »  and talk about resettlement, starting again from nothing, violence and their futures.

This has had a vast impact on their current life and they decided to name their broadcast “Wounds of the Past” and talk about resettlement, starting again from nothing, violence, and their futures.

The entire broadcast is available here :

Extracts from Daratu community centre – Judy Organization for Relief and Development

October 5th, 2017.

Today, the radio workshop takes place in Daratu, in the community center held by Judy Organization for Relief and Development.

This organization was created by people from Syria who wanted to volunteer for communities of refugees and Internally displaced people. They are extremely motivated and focused on the dialogue between communities.


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Mohamed warmly welcomes  us. He works in this community center providing activities and administrative help for displaced people and refugees. Few minutes before the start of the workshop, he helps us to translate some specific questions from English to Arabic. He also brings us to one of the best food corners of the district, in order to try some delightful Falafel.

All the people are on time and happy to make their own radio program. Most of them have been living in Daratu since they left Syria or Western Iraq. There is M. Rôdi a musician, and M. Fauzi a poet who comes with his wife. She is a former craftswoman.

For their radio show, they wish to talk about children education and voluntary work.

Here, you can listen to some extracts of the program :